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un brevet d’invention et de perfectionnement, comme je le ferais si j’avais découvert la pommade du lion ou le racahout des Arabes. J’abandonne au contraire mon invention à qui voudra la prendre, à moins que les faiseurs de pièces, qui n’ont pas d’autre métier que de voler les idées des romanciers et de s’en nourrir, ne me fassent un procès comme ayant attenté à leur propriété littéraire.

Liste des personnages :

Monsieur Rigot, riche propriétaire des environs de Caen : cinquante-huit ans, habit bien, boutons brillants, pantalon gris-clair en entonnoir, gilet de satin broché d’or, cheveux gris et taillés en brosse, mains noires et sans gants, ongles nullement taillés.

Madame Turniquel, sa sœur : soixante-cinq ans, grosse, courte, voix rauque, poings sur la hanche.

Monsieur Bador, avoué : trente-six ans, costume exactement noir de la tête aux pieds, remarquable par le lustre de ses bottes et celui de ses cheveux.

Monsieur Furnichon, commis d’agent de change : vingt-sept ans, très-bel homme, barbe en collier, chapeau de Bandoni, habit de Chevreuil, pantalon de Renard, gilet de Blanc, chemise de Lami-Housset, bottes de Guerrier, gants de Boivin, cravate de Pouillet, n’ôtant jamais son chapeau.

Monsieur Marcoine, premier clerc de notaire : joli pied, jolies mains, joli visage, jolie tournure, jolie mise, jolie voix, jolie écriture, jolis cheveux, joli, joli, joli.

La comtesse de Lémée, voisine de M. Rigot, dont la propriété touche à la sienne, veuve d’un pair de France : quarante-cinq ans, maigre, longue, plate, grands airs et grandes dents, nez aquilin, faisant venir ses robes de Paris et faisant faire ses chapeaux à Caen, gants tricotés, les yeux légèrement chassieux, le fond du visage couperosé, écumant légèrement des coins de la bouche en parlant.

Le comte de Lémee, son fils : vingt-deux ans, moins bien mis que l’agent de change et beaucoup plus élégant, moins joli que le clerc de notaire et beaucoup plus agréable, fumant des cigares de la Havane, portant de grandes moustaches et de longs éperons, dînant avec ses gants.

Madame Eugénie Peyrol, nièce de M. Rigot : trente-deux ans, grande et blonde, robe de mousseline blanche, souliers aile de mouche, bas de fil d’écosse unis, cheveux en ban-