Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1858, tome I.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

médecin.

— Tu donnes à toutes choses une horrible explication : j’avais oublié l’infamie de ces valets.

— Les crois-tu beaucoup au-dessous de toi pour t’avoir voulu perdre dans leur intérêt, toi qui pour une seconde de rire vas laisser un empirique s’appuyer de ton nom pour vendre un poison public ?

— Je les chasserai.

— Baron, baron ! fit Satan, tu feras bien ; car tu as pleuré devant eux, tu as fait avec eux des niches d’écolier à ton médecin, tu as joué au plus habile avec eux, et ils te méprisent.

— Le mépris de mes valets ! s’écria Luizzi furieux.

— Baron, reprit le Diable en riant, c’est celui qu’on a toujours le premier, il ne précède que de peu celui du monde.

— Ainsi… ?

Le Diable sortit en jetant un regard moqueur sur le baron. Un quart d’heure après, Luizzi parut en brillant équipage dans les Champs-Élysées. Il faisait un jour de printemps chaud et languissant : il trouva tous ses amis, les uns en voiture, les autres à cheval, mais aucun ne voulut le reconnaître. Madame de Marignon, entre autres, qui passa en calèche découverte avec M. de Mareuilles, détourna visiblement la tête. Le baron rentra chez lui furieux et décidé à se venger. Alors la pensée lui vint pour la première fois de demander la liste des personnes qui étaient venues s’informer de lui. Il ne trouva que deux noms, ceux de Ganguernet et de madame de Marignon.



AMOUR PLATONIQUE.


XXVI

UN MARQUIS.


Quand Luizzi vit ces deux noms, il demeura étourdi de ce qu’ils se trouvaient sur sa liste et de ce que tant d’autres y manquaient ; l’absence de celui de M. de Mareuilles ne lui permit pas de douter qu’il ne fût de moitié dans l’insolence de madame de Marignon, et il chercha un moyen de les en