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sur elle. Cet incident ramena Luizzi sur les pages de cet odieux ouvrage, et à ses premiers étonnements vint se joindre un étonnement plus grand. Il découvrit, après chaque ligne imprimée, une ligne manuscrite ; l’écriture était d’autant plus distincte de l’impression qu’elle était de couleur rouge. Luizzi, tout plein de la supposition qu’il avait d’abord adoptée, voulut savoir quel commentaire une femme jeune et belle avait pu ajouter à cette production monstrueuse. Grâce à la puissance de vision que le Diable lui avait donnée, il put lire aisément ces caractères mal formés et imperceptibles, et voici la première phrase qu’il déchiffra :

« Ceci est mon histoire : je l’écris sur ce livre et avec mon sang, parce que je n’ai ni papier ni encre. Si je n’ai pas effacé ligne à ligne le livre abominable sur lequel j’écris et qu’un infâme a mis dans mes mains pour tuer mon âme après avoir tué mon corps, si je ne l’ai pas effacé, c’est que mon sang est devenu rare et qu’à peine il m’en reste assez pour raconter mes malheurs et demander vengeance… »