Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle est la victime de ce besoin d’honneur et de considération qui possède cette famille ; si, entraînée par cette fureur amoureuse…

Luizzi pouvait penser à son aise ; mais nous qui écrivons, nous n’avons pas la même liberté ou nous n’avons pas la puissance nécessaire. C’est une si pauvre interprète de nos pensées que notre langue ! elle manque tellement de mots honnêtes pour les choses les plus vulgaires, qu’il faut proscrire du récit bien des passions qui nous touchent, bien des événements qui nous atteignent de toutes parts. Si la femme qui était là, sous les yeux de Luizzi, eût été une fille de la Grèce, un poète aurait traduit en vers faciles et harmonieux la pensée de notre baron. « C’est la Vénus de Pasiphaé, de Myrrha et de Phèdre, eût-il dit ; c’est la Vénus ardente et courtisane, pour laquelle se célébraient les aphrodisées furieuses de Corinthe et de Paphos ; c’est Vénus Aphacite qui a soufflé son haleine enflammée dans la poitrine haletante de la jeune fille ; c’est Vénus qui lui a jeté au flanc ce trait empoisonné et brûlant qui l’irrite, la harcèle, l’égare et la