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tout d’un coup : Je m’appelle Byron ou Lamartine ; de me trouver en intimité depuis longtemps avec sa pensée ; de lui inspirer, dans une heure d’oubli, l’idée d’être un moment à celui qu’elle a rêvé ! Si elle était musicienne, me disais-je, je voudrais être Rossini ou Weber ; si elle était peintre, quel bonheur si je m’appelais Vernet ou Girodet ! enfin, que vous dirai-je ? j’ai bâti entre vous et moi les contes les plus extravagants pour penser que si j’avais été un homme supérieur, je ne vous aurais pas rencontrée pour vous quitter et vous dire adieu comme à tout le monde ; tenez, madame, je crois que je deviens fou ; mais j’ai pensé que si vous étiez dévote, j’aurais voulu être un ange.

— Oui, véritablement, vous êtes bien fou, et tous vos rêves auraient été bien inutiles ; car eussiez-vous été Weber, ou Byron, ou tout autre, vous n’eussiez pas trouvé en moi de passion ou de goût exclusif pour vous comprendre. Je ne suis qu’une pauvre femme bien simple et qui ai pris de bonne heure mon parti d’être heureuse de ma médiocrité. Vous le voyez, tous vos