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28 PASTELS ET MIGNARDISES.


XX

TOI, MOI

Toi, moi, — deux mots abstraits, deux volontés sans loi !
Qu'une accolade intime — un baiser — les unisse,
Et l'échange se fait, suave sacrifice,
Et soudain nous vivons, toi dans moi, moi dans toi.
Chacun reçoit des deux, chacun donne de soi ;
Dans ce trait d'union Dieu lui-même se glisse !
L'égoïsme est vertu dès qu'il a son complice;
L'être est complet dès lors qu'il n'est ni toi, ni moi !
Tu voudrais voir, dis-tu, pour la vie éternelle,
Nos deux âmes se perdre en la même étincelle,
Si bien qu'on ne pourrait en séparer les feux.
Va! laisse-les s'unir, mais non pas se confondre !
Que deviendrait l'amour, s'il ne pouvait répondre
A la soif de chacun dans l'ivresse des deux?