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le vampire.

timbre rendait un son sourd, comme frappé dans le lointain.

Ce chronomètre bourgeois plaisait énormément à madame l’hôtesse. Quand les heures sonnaient, il lui semblait entendre l’horloge de la cathédrale.

Les deux voyageurs, placés en face du foyer, paraissaient être du même monde, mais ils n’avaient pas même âge. L’un était un jeune homme, l’autre pouvait se trouver autour de la quarantaine. Ils parlaient peu. Le plus jeune, de temps à autre, parcourait d’un œil indifférent les colonnes d’un journal de la localité.

Ces deux messieurs occupaient chacun un angle de la cheminée, laissant dans le milieu une large place qui n’était point vacante.

Un énorme chien de race montagnarde s’y étendait. Cet animal n’avait de remarquable que sa taille. Autrement sa robe drue et rude, ses larges et longues pattes, sa tête forte à petites oreilles, ses yeux mal faits et chassieux ne composaient qu’une forme rustique.

Tout-à-coup son sommeil fut interrompu par un bruit extérieur ; il leva la tête et grogna.

— Silence, Mont-Dore ! — ordonna son maître, le plus âgé des deux voyageurs.

Mont-Dore, après avoir jeté un regard inquiet vers la porte, remit son gros museau entre ses deux pattes, et se donna l’air de dormir.

— Vous avez là un terrible défenseur, observa le jeune homme.

— C’est qu’il a senti qu’il nous venait du monde. Il n’est pas traître d’habitude ; mais je ne sais ce qui le tracasse aujourd’hui, il a failli mordre une ou deux