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le vampire.

vingt-cinq ans. Voilà donc dix ans que vous agissez par ou pour les femmes, et vous en êtes encore à des naïvetés d’adolescent !…

— Que vous importe, monsieur ?…

— Plus que vous ne pensez peut-être. Ainsi, jeune homme, vous aimez Mme de Lormont ?…

— Non, monsieur !

— Vous la haïssez, alors ; c’est la même chose.

— Je ne l’aime, ni ne la hais, monsieur.

— C’est fort bien ; je préfère même cela. Ainsi, vous ne tiendriez pas à avoir cette femme ?…

— Pour la posséder, non.

— Pour vous venger ?…

— Si !

— Eh bien ! Robert, je veux vous la donner.

— Vous !… Au fait, il n’est pas impossible que vous ayez été son amant.

— Ah ! mon Dieu, c’est à peine si je lui ai adressé un mot de galanterie.

— Vous agissez donc par le diable, mylord !…

— Enfant, laissons le diable où il est, si toutefois il est quelque part. Le diable est un niais ne sachant rien faire, un sot qui endosse immodestement quelques faibles peccadilles des hommes, et qui n’est seulement pas à la hauteur du plus médiocre mortel.

— Il est inutile alors, monsieur, de vous complaire ainsi devant le spectacle d’un cœur froissé ; je désire être seul.

L’Anglais se leva et portant sur le jeune homme un regard commisérant et profond, il sourit. Puis, posant sa main sur l’épaule de Robert, il lui dit d’une voix grave