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le vampire.

sur une longue place où s’élève une des belles cathédrales de France.

Les habitants de cette ville ont quelque intelligence qu’ils dépensent entr’eux on ne sait comme.

Les rares voyageurs qui séjournent dans cette antique bourgade y trouvent quelques hôtels que je vous présente bien pour des auberges. Car il existe encore des auberges, de ces bonnes hôtelleries où l’on est mal servi, où il arrive qu’il n’y a pas suffisamment de couches, où l’on s’aperçoit, enfin, qu’on n’est plus chez soi. — En effet, aujourd’hui, les voyages n’ont plus le même attrait que jadis. D’abord tout le monde voyage. À Bade on est coudoyé par son tailleur. Aux Pyrénées, on laisse passer l’orage sous le couvert où s’abrite déjà un créancier ou une ancienne maîtresse — ce qui est même chose.

Et puis le comfort vous suit partout. Les hôtels modernes parent à tous les besoins. À Liverpool, on vous sert des petits pains viennois ; à Cadix, des huîtres d’Ostende. C’est insupportable !…

Le maître de l’hôtel de la Corne Verte ne s’est jamais expliqué la signification du mot comfort. Toutefois les voyageurs s’arrêtent chez lui, car c’est une des hôtelleries un peu propres de Bazas.

Un soir du mois d’octobre de l’année 1849, deux hommes, après avoir dîné ensemble, se reposaient en face d’un assez bon feu, dans la salle commune de l’hôtel. — Cette salle n’offrait à l’œil aucun luxe. Le manteau de la cheminée était aussi nu qu’un degré d’escalier, et, au fond, se détachant sur une tapisserie à personnages de taille naturelle, était une pendule hexagone dont le