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le vampire.

— Mais, cela est-il certain ?…

— Non-seulement, je sais le chiffre de la fortune, mais encore le nom de la personne, grâce à l’obligeance de M. Straton. — C’est miss Olivia, fille du duc de Firstland.

— Firstland !… fit le jeune homme en appuyant son front sur sa main. J’ai vu ce nom quelque part, mais où, je ne puis me le rappeler.

Les causeries diverses avaient cessé, le cercle s’était resserré autour du piano, où Mme de Lormont s’asseyait.

— Que nous chanterez-vous, madame ?… demanda lord Mackinguss en passant en revue plusieurs cahiers épars sur l’instrument.

— Je ne sais, mylord ; ce qui vous plaira.

— Oh ! nous n’exigeons pas autant, car alors il faudrait tout nous dire, observa un armateur baleinier à l’esprit madrigalesque.

— Aimez-vous Meyer-Beer, voici une cavatine de lui qui me tombe sous la main.

Et l’Anglais préluda l’admirable cantilène du quatrième acte de Robert-le-Diable :

Robert ! toi que j’aime,
Et qui reçus ma foi,
Tu vois mon effroi……

En reconnaissant les notes que le musicien faisait vibrer avec une puissance et une langueur sardonique, la jeune femme pâlit. Au hazard elle prit un cahier se confiant dans un dernier secours.

— J’aime Donizetti, articula-t-elle faiblement.

— Tu sais bien que la collection est chez le relieur, lui