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le vampire.

elle se rendit au piano. — Dans ce court intervalle, l’anglais se retourna et dit à mi-voix au jeune homme demeuré muet :

— Enfant, auriez-vous donc préféré que ce fût M. de Lormont qui vous eût rappelé de votre distraction !…

— Monsieur, je ne sais dans quel but et par quelle cause vous avez agi de la sorte, mais toujours je vous en remercie.

M. de Bassens qui, toute la soirée était resté mêlé dans la compagnie de négociants et d’armateurs à l’esprit compassé, causant tant bien que mal commerce et politique, s’approcha de Robert.

— Savez-vous, M. de Rolleboise, que j’ai bien envie de vous livrer à tous les ressentiments vindicatifs de madame la vicomtesse. Vous me dites, hier soir, tout simplement, sans conviction, par banalité même, que Mme de Lormont est belle. Mais, c’est magnifique que vous vouliez dire, je suppose !

— N’est-ce pas !… appuya étourdiment le jeune homme.

— Connaissez-vous ce personnage qui s’assied auprès d’elle ?…

— Je le vois pour la troisième fois, c’est un Anglais.

— Un de ces messieurs m’a dit qu’il est fou, un autre qu’il est amoureux ; c’est à peu près même chose.

— Amoureux !… vous dites que cet homme est amoureux !… fit-il sans réserve encore en regardant lord Horatio avec des yeux de flamme. Et, vous a-t-on dit de qui ?…

— Il est épris m’a-t-on assuré de dix à vingt millions annexés à la main d’une jeune Anglaise.