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le vampire.

— Et, quels sont les riens qu’on y dit ?…

— Hélas ! madame, ce sont des pyramides d’esprit ne laissant après, chez les caractères graves qu’un léger désappointement d’avoir été pris à de si futiles propos. Cependant, quelquefois, dans ce tableau chargé de rose, se trouve une nuance forte et sombre. Ainsi…

— Mylord, je vous en prie, ne nous effrayez pas.

— Ce que j’allais vous dire, madame, est le fait d’un théâtre inconnu, et, tellement insignifiant, que je le tairais si je ne considérais comme un devoir d’obtempérer à votre désir. — Hier, soir, M. Forlow nous a conté un récit presque fantastique. Ce même M. Forlow qui, lorsqu’il écrit à sa maîtresse, signe par habitude : Forlow et Compagnie.

— Et, vous même, M. Horatio, comment vous trouvez-vous instruit de cette particularité ?…

— C’est M. Straton qui me l’a dite, peut-être.

— Oui, oui, je la tiens de mon neveu, ajouta le négociant incriminé.

Le neveu n’était pas présent.

— Eh bien ! M. Forlow nous a dit la soirée dernière, un fait étrange. Voici la chose. Un de ses correspondants d’une ville du Midi, dont le nom m’échappe, fut assassiné, il y a de cela un an.

M. de Lormont se trouvait alors près de la table, du même côté que la vicomtesse. Par un mouvement naturel et inaperçu, il fit pencher l’abat-jour vers lui. Cette inclinaison subite enveloppa d’obscurité le mari et la jeune femme. M. de Bassens qui se trouvait en face, se leva sans affectation et vint se placer dans l’ombre. Ces divers mouvements eurent lieu sans que personne n’y