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le vampire.

une tête frappée du sceau de haute intelligence. C’était Horatio Mackinguss. Il serait difficile d’expliquer par quel secret d’ensemble, la vue de ce masque humain, arrêtait la pensée fuyante, détournait le fil flottant de la réflexion et s’emparait du regard de la foule. — Ce magnétisme ne gisait point dans sa chevelure reculée et ample, dans son front grave, ni dans son œil large et fixe. Cependant, un esprit rêveur eut conservé l’empreinte de cette physionomie, une intelligence vulgaire l’eût considérée niaisement sans comprendre l’effet qu’elle produisait sur sa rude nature, une femme en ses songes en eût rejeté l’image avec frayeur ou l’eut aimée en esclave.

Lord Horatio était un de ces hommes dont on n’ose supputer la fortune, et à qui la pauvreté ne saurait seoir. On ne l’entendait jamais faire jactance, ni avouer son impuissance par défaut d’or.

Pour la troisième fois Robert de Rolleboise se rencontrait avec lui. Car il le reconnut aussitôt pour l’avoir vu un mois avant à Bazas, et la veille silencieux et grave dans la joie folle des convives du médianoche où il s’était trouvé par hazard. — Cependant, on disait tout bas dans un certain monde, que cet homme ayant souffert d’une femme s’en était vengé longtemps, jusqu’au tombeau. Mais, comme chaque personne donnait une version nouvelle, il est bon de conjecturer que le secret n’était connu que d’un seul.

Un petit vieillard guilleret et galantin dépensait une amabilité intarissable pour la jeune vicomtesse qui riait à part elle de ses contorsions grotesques et de ses affèteries surannées.