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le vampire.

— Oui, je l’ai rencontré une fois en voyage où il éprouva même un accident qui, à ce qu’il parait, n’a pas eu de fâcheuses suites. Le connaissez-vous plus particulièrement ?…

— Je ne sais rien de lui. On en dit bien des choses, c’est vrai, mais…

— Vous n’y ajoutez aucune foi… — Vous me quittez ?

— On vous attend.

— Vous reverrai-je ?…

— Je désire vous revoir.

— Qui me fera vous rencontrer ?

— Le hasard.

— Où demeurez-vous ?

— Il serait inutile de le dire ; car, demain, je demeurerai ailleurs. On sait que je suis ici… — Adieu.

Quand cette étrange personne fut partie, et que le roulement sourd de la voiture eut cessé, le jeune homme retomba dans sa rêverie. Son esprit artiste et vif se plaisait dans le souvenir de ces paroles incohérentes et fouillait avec une âpre ardeur dans les détails de cette situation tombée par hasard dans le cercle de la vie réelle. Il ramena phrase par phrase à sa pensée la conversation de cette femme. Puis, un sourire sceptique éclaira son visage ; et, se rejetant, incrédule, hors des premières ténèbres de ce drame, il considéra sans doute ce caractère comme une variété nouvelle de cette femme d’amour que Paris seul possède. — Le timbre de la pendule le replaça bientôt dans le cours du temps. Il se souvint du personnage qui l’attendait.

Cette personne lui était tout à fait inconnue, car il s’arrêta une seconde sur le seuil, occupé, sans doute, à