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LE VAMPIRE.

de Cromwell. Aussi, jugeant que le moral était en ceci le plus à craindre, il résolut de guérir son moral.

Je vais dire ici, en une seule page, un fait. Beaucoup, je le sais, auraient étendu cette scène en un long chapitre. Comme il me reste assez de choses à écrire, je me contente d’une réduction plus sommaire.

Horatio était Écossais. Les hommes de cette contrée ressemblent un peu aux femmes de nos provinces : ils sont superstitieux. Mackinguss croyait à une prédestinée. Le doute l’incommodant, il voulut jouer son destin, interroger Dieu.

Un jour il était seul dans son salon, à Paris.

Il sonna ; son domestique parut.

— William, vous connaissez l’armurier Lepage ?

— Oui, monsieur.

— Vous allez vous rendre chez lui. Là, vous achèterez deux pistolets semblables, entendez-vous, tout à fait semblables, que rien ne distingue l’un d’avec l’autre. Vous les placerez dans leur boite et vous reviendrez.

Une demi-heure après le valet, une boîte de pistolets à la main, rentrait dans la salle où se trouvait Horatio.

— Sont-ils semblables ? répondez, mais ne les montrez pas.

— Absolument semblables, monsieur.

— C’est bien. Portez cette boite dans mon cabinet ; vous ne verrez rien, car les volets sont hermétiquement fermés. Quand vous serez dans la chambre vous sortirez les pistolets de leur boite et les placerez sur la table. Allez.

Le domestique passa dans le cabinet, convaincu que