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le vampire.

eut un grognement sourd au bruit duquel le vicomte se rangea de côté.

— Eh bien, il ne me manquerait plus que d’être mordu pour que ma soirée fût complète !… dit de Saint-Loubès à Robert lorsqu’ils se trouvèrent seuls.

— Voulez-vous savoir l’idée qui me vient en tête, vicomte ?…

— Je veux la savoir.

— C’est que je soupçonne fort cet étranger d’être un des personnages du drame qu’il nous a dit.

— Mon cher ami, je vous l’ai souvent fait remarquer, vous avez le tort de voir de l’extraordinaire dans toute chose. Vous êtes plus amoureux du fantastique que… d’une femme que nous connaissons ; et, de plus, votre amour en cela est plus constant. Dans les conditions où nous nous trouvions, cet homme m’aurait paru excessivement original s’il n’avait pas agi de la sorte.

— Alors, c’est quelque romancier qui, sur cette donnée du journal, s’est plu à bâtir une émouvante intrigue.

— Mais, pas le moins du monde, c’est tout uniment un honnête voyageur du commerce qui possède une vieille rengaine, déjà racontée cent fois, une mélodramatique aventure lui venant de monsieur son père, dont il nous a imposé l’audition. — Enfin, M. de Rolleboise, causons de choses plus intimes. Vous vous trouvez donc toujours sous la tutelle de ce viscère incommode qui ne sert, à mon avis, qu’à nous faire faire des folies en temps de jeunesse, et à nous gratifier d’anévrismes en âge mûr !… Que cette légèreté de langage ne vous fasse point supposer un ingrat caractère. Je veux même parler avec vous, sérieusement, en ami, de cette passion. Vous m’envoyez