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le vampire.

lettre ; je repoussai sa main, mais sa main attachée à la mienne ne me lâcha que lorsque j’eus saisi le papier. Ce papier était lourd. Seule dans ma chambre, je le décachetai. Il contenait une pièce d’or de cent francs ! Voici à peu près ce que m’écrivait Horatio :

« Ne me renvoyez pas cette pièce d’or par un commissionnaire, je ne la recevrai pas, ni par la poste, parce que c’est défendu. Vous pouvez très bien venir un soir à la prière seule. Si vous voulez me rendre cet or, je serai à la nuit sous les allées, derrière l’église. »

— C’était un moyen infâme !

— N’est-ce pas ?… Que pouvais-je faire ?… Cet homme, tous les jours, pouvait se dire : Je lui ai donné de l’or et elle l’a gardé !…

— Vous fûtes sous les allées, le soir ?

— Oui. Il y avait une voiture ; je fus perdue !… Imprudente, depuis ce jour, je lui écrivis. Il a mes lettres. C’est en me menaçant de les donner à mon mari qu’il m’a forcée à décider ce dernier à venir en Écosse. Puis il m’a fait enlever, pourquoi, pour qui, je ne sais pas. Enfin, que Dieu me protège !… Et vous, puisque je vous dois de rejoindre saine et sauve mon mari, je vous pardonne !

Le lendemain, vers dix heures, M. de Saint-Loubès descendit au parlour. Robert déjeûnait.

— Madame de Lormont ?

— Elle est partie cette nuit par le chemin de fer.

— Ah ! Vous a-t-elle fait des confidences ?

— Non. Je ne sais pas encore pourquoi son beau-père passait en France pour son mari. Pourquoi son mari fuyait-il ?

— Il était condamné à mort.