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le vampire.

vers lui. L’un de ces trois chasseurs, celui qui venait le premier, était le comte de Boistilla.

À son approche, Raoul remit aussitôt dans son habit d’uniforme déboutonné du haut, un tout petit mouchoir dentelé.

— Mon gentil cousin, est-ce le gouvernement qui vous fournit de semblable batiste ? — dit-il en prenant lui-même dans le sein du jeune homme le linge marqué au chiffre de la comtesse. — Ce n’était sans doute pas nous que vous attendiez ici, ou peut-être arrivons-nous trop tard !… — ajouta-t-il avec un sang-froid barbare.

— Monsieur, ce mouchoir ne m’a point été donné…

— Vous l’avez sans doute trouvé dans la forêt, n’est-ce pas, mon joli monsieur, c’est ainsi qu’on répond au collège. Eh bien ! j’ai une leçon à vous donner, mon jeune écolier.

Et, ce disant, le comte cingla la figure de Raoul avec sa cravache. Celui-ci bondit en arrière et tira son épée.

— Nous n’avons pas d’épée, monsieur, mais vous avez comme moi des pistolets dans vos fontes. Descendons de cheval, et si ces messieurs veulent s’adjoindre deux autres témoins, nous allons terminer l’affaire sur-le-champ

Malgré l’injustice et la brutalité de l’accusation du comte, Raoul qui était brave, remit les explications qu’il pouvait donner à l’issue du combat.

Un des compagnons de M. de Boistilla qui s’était absenté, revint bientôt suivi de deux chasseurs. — Le duel eut lieu.

Le lendemain, on rapporta à Mme Noirtier le cadavre de son fils. Cet événement fut pour la malheureuse mère un coup mortel.