Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
354
le vampire.

ne savent pas rimer, ceux-là font autre chose. Ils inventent des religions ou ils élèvent des faucons. On ne dirait jamais le grand nombre de religions que produisent les iles britanniques.

Les trois voyageurs s’arrêtèrent dans un des somptueux hôtels de Princess-street, presque en face du monument élevé à Walter-Scott. Après leur dîner, qui consista simplement en un roastbeef de quarante livres au moins, que deux garçons desservirent avec peine, un jambon d’York et un saumon monstrueux, puis un énorme pâté de beefsteak, le vicomte presque indigéré quitta le parlour.

Robert, laissé seul avec Mme de Lormont, marcha un moment dans la salle, puis se plaça à la fenêtre. Machinalement, il porta son regard Sur le magnifique amphithéâtre de la vieille ville, sur ces hautes maisons percées de douze et quinze étages, toutes brillantes de lumières, sur l’imprenable château se dressant sombre sur le ciel comme une montagne. Mathilde se tenait rêveuse en face du foyer, ses yeux imprudemment fixés sur les blanches braises. L’inévitable bouilloire, avec son cou de cigogne, caquetait toujours en se chauffant les flancs. L’un et l’autre, le jeune homme et la jeune femme, ressentaient une certaine gêne ensemble. Robert referma les croisées, car l’air froid devenait incommode, et alla s’asseoir en face de la corbeille de feu.

— Ainsi, le maître de cet hôtel vous a donné des renseignements précis sur monsieur de Lormont ? Alors, vous partez ce soir pour Glascow ?

— À minuit.

— Nous ne nous verrons plus ?

— Peut-être.