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le vampire.

sidérais un peu comme une enfant. Je vous adorais comme une vierge… N’est-ce pas, pendant que je rêvais ainsi, vous, blanche et calme, vous reposiez tranquille, vous sommeilliez sans songes, et une simple pensée qui se fût reportée vers moi eût terni la candeur de votre ame. N’est-ce point vrai, Mathilde ?

— Pourquoi me parlez-vous ainsi.

— Pourquoi ?… parce que toute cette nuit dont je vous parle, je l’ai passée dans votre chambre… parce que cette nuit personne ne coucha dans les lits préparés pour M. de Bassens et pour moi… parce que cette nuit M. de Bassens coucha dans le vôtre… parce que si je veux aujourd’hui, je peux prendre ma revanche !…

— Malheureux, que dites-vous, ce M. de Bassens, je puis l’avouer aujourd’hui…

— Est votre amant, je le sais.

M. de Bassens, n’est pas mon amant, monsieur, car je suis sa femme !… dit Mathilde en se redressant fière sur sa couche.

— Votre mari… comment, et M. de Lormont.

M. de Lormont est mon beau-père. À l’époque où je vous rencontrai, mon mari, par des événements qui vous sont inconnus sans doute, était obligé de quitter incognito la France. Il voyageait sous un faux nom. Voilà la vérité, monsieur. Certainement, il y a de terribles corrélations entre certains individus à qui, je le vois, vous avez accordé toute confiance, et moi. Peut-être, pourrai-je vous en dire plus dans une autre circonstance ; mais aujourd’hui, monsieur, je vous en supplie, sauvez moi !… Ramenez moi à mon mari !…

Robert demeurait pensif. Non qu’il balançât un instant