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le vampire.

— Mais j’entends me reposer. Êtes-vous insensé, sir James ?

— Pas le moins du monde. J’ai à vous parler de choses sérieuses, voilà tout.

— Eh bien, demain matin je vous recevrai.

— Le matin !… Je ne suis sérieux que le soir, après mon dîner.

Un domestique plaça à la portée du baronet un plateau garni. Horatio but une gorgée de café.

— Que désirez-vous donc de moi, sir James ?

— De l’argent.

— Mais, je ne vous dois rien.

— Je le sais.

— Et puis, permettez-moi de remarquer, sir James, que la manière dont vous conduisez vos affaires m’étonne. Vous en êtes toujours à votre dernière livre. Et, pourtant, je ne vous connais aucune famille.

Le baronet remplit lentement un verre de vin de Xérès et le but avec le grand sérieux qui le caractérisait.

— C’est justement, mylord, ce qui me ruine. L’indépendance est énormément dispendieuse, surtout chez un humoriste comme moi.

— Seriez-vous amoureux ?

— Non ; mais je suis anglais à femmes ; l’anglais à cachemires, l’anglais qui ne s’ébahit et ne doute de rien, l’anglais du saloon Piccadilly à Londres et de Mabille à Paris. Je suis peut-être le dernier anglais.

— Et vous avez des maîtresses qui vous ruinent.

— Il faut bien soutenir sa réputation. D’ailleurs, j’aime mieux cela que les voyages. Il en coûte moins de coucher dans le quartier Bréda que sur le Cimborazo. Entre deux