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le vampire.

shire et qui ne crois nullement aux fées, je suis convaincue, néanmoins, qu’il se passe quelque chose ici. Cette nuit, j’étais à ma fenêtre, à la lueur de la lune, j’ai fort bien distingué deux hommes qui transportaient un corps. Ils sont entrés au château par la porte de la Fauconnerie.

— Un corps mort ?

— Je ne sais. Évanoui, peut-être ; mais, bien sûr une femme. Je n’ai pas reconnu les hommes.

— Ce que vous dites là m’étonne, mylady. D’autant plus que je n’ai rien entendu.

— Ou tu n’as voulu rien entendre.

— Mylady, j’ai veillé toute la nuit ici.

— Cela sent bien mauvais ici.

— C’est l’odeur du tabac, mylady ; je fais des expériences avec cette plante.

— Que cherches-tu ?

— Ce que je cherche ?… ce que je cherche, je l’ai trouvé cette nuit, mylady. Voyez-vous, dans ce coin ?

Et, ce disant, Antarès enleva une couverture de dessus un tas informe qui gisait dans l’angle de la chambre.

— Ah ! mon Dieu, d’où viennent ces chiens ?

— Ces chiens sont morts, mylady, ainsi que ces chats. Je les ai tués avec une goutte de ce liquide que vous voyez dans ce flacon.

— C’est donc un poison bien terrible ?…

— Foudroyant. Tenez, mylady, je vais vous procurer le moyen de vous distraire. Prenez ce flacon, et, avec toutes les précautions, essayez l’effet de ce toxique sur les oiseaux de vos volières. Une goutte seule, mylady.

— Mais, je n’oserais jamais le toucher !…