Un matin, Olivia entra dans cette chambre où le juif travaillait C’était le même vieil homme que nous avons entrevu dans le taudis de Corbets-Lane, à Londres. Enveloppé dans sa robe de chambre de couleur vieillotte, la tête couverte d’un lourd bonnet de laine, les yeux cachés derrière des lunettes à œillères, les mains sèches et ridées, cet individu offrait une apparence dont on se rendait compte difficilement. Il n’avait pas d’âge.
— Je présente toutes mes respectueuses salutations à mylady.
— Bonjour Antarès. Tu travailles donc toujours avec tes vieux livres et tes alambics. Tu ressembles à un alchimiste. Fais-tu de l’or ?
— Non, mylady ; seulement, comme j’ai trouvé ici ces instruments, ces livres, ces cornues et ces fourneaux, pour me distraire, je fais de la chimie.
— Tu es heureux de te distraire. Quant à moi, j’en suis réduite à venir causer avec toi.
— Je vous ai vu passer hier à cheval.
— Oui, avec Hannah !… Mon mari m’avait promis de courir un renard, mais il était si occupé !…
— Ah ! mylord était occupé ?…
— Je le dis parce qu’il m’a envoyé cette raison. Après tout, sais-je ce qui se passe ici !…
— Mais, c’est une thébaïde, mylady !…
— En apparence, peut-être. D’ailleurs, ce n’est pas le dire des paysans qui n’ont que le mot vampire à la bouche.
— Des paysans du Lanarkshire !… Des hommes qui croient aux fées !…
— Eh bien ! Antarès, moi qui ne suis pas du Lanark-