Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
le vampire.

deux années, elle méditait par une soumission apparente, une revanche terrible. Des particularités bien éloignées d’elle, devaient, par une de ces lois bizarres des agencements du hasard, dénouer son drame. Ces circonstances étrangères allaient se relier aux desseins cachés d’Olivia par la main d’Antarès.

Le soir même, je l’ai dit, sir James arrivait de Londres. Cette arrivée inquiétait Antarès, car, une des passions d’Antarès se nommait l’avarice ; et l’avarice lui avait conseillé de ne pas payer à sir James le prix d’un certain secret acheté, on se le rappelle, rue des Quinze-Vingts, à Paris. Celui qu’on nommait le juif avait ainsi double sujet de redouter Horatio. D’abord, par le baronet, ensuite à cause de la disparition d’Ophélia qu’il s’était bien gardé d’avouer. Il ne lui restait donc qu’un unique moyen de secours. Avoir l’air de servir Olivia, et par cela seul, se servir lui-même.

Olivia vivait un peu à l’écart de ces hommes. Sa tante Kockburns ne l’avait point accompagnée. Une de ses femmes, Suky, était morte en couches dans un accès d’effroi causé par l’apparition de son amant, l’ex horse-guard, qu’elle savait enterré dans le cimetière de New-Cross. C’est un épisode secondaire que j’ai cru pouvoir, sans m’appauvrir, laisser tomber de ce récit. — Olivia n’avait donc auprès d’elle que sa fidèle Hannah et la nourrice de son enfant. Aussi n’acceptait-elle point cet état d’isolement sans arrière-pensée.

Antarès habitait une pièce assez retirée du château, mais placée au même diazôme que l’appartement de lady Mackinguss. On le voyait rarement, surtout le jour. Enfermé dans son laboratoire, il faisait quelque chose.