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le vampire.

ferrées, des canaux, afin que le progrès pût se faufiler dans ces contrées montagnardes. Aussi, en est-il résulté des zones toute commerciales, n’empiétant en aucune façon sur les mœurs rudes qu’elles côtoient. Glascow est une cité de quatre cent mille âmes, le rail-way traverse Perth et Dundee, le steamer envoie sa fumée au château de Loch-Leven, mais à quelques milles de Glascow on chasse le renard, le coq de bruyère, et il existe une fauconnerie célèbre, Dundee vous montre, sur le Dunsinan, le château de Mac-Beth, et Loch-Leven se perd le soir dans les brouillards bleuâtres comme au temps ou la reine Marie y était enfermée. Le grand seigneur vit sur ses terres, le commerçant dans sa fabrique. Ces deux individualités, l’une active, l’autre loisireuse, se rencontrent, mais ne communiquent jamais ensemble. En un mot, cette contrée a donné le jour presque simultanément à Robert Burns, l’homme du rêve, à James Watts, l’homme du chiffre.

L’Écosse est donc tout à la fois un pays curieux et un pays comme un autre. Il y a des départements en France, où les croyances superstitieuses sont plus burlesques que celles que reconnaissent les habitants des Highlands ; il y a en Écosse des villes qui vous offriront plus de comfort qu’on n’en trouverait au milieu de certaines grandes cités de France. Je tenais à bien établir ceci, afin de démontrer qu’un roman peut dérouler quelques unes de ses scènes dans un château écossais, sans redouter la contumélieuse épithète de mélodrame.

Le château des Chutes, appartenant à Horatio ainsi que je l’ai dit dans un des premiers chapitres de ce livre, se trouve perpendiculairement bâti sur le bord de