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le vampire.

rien à craindre de lui. À toutes mes sollicitations et mes prières il ne répondit rien.

Il y avait dans le petit port un bateau pécheur sur lequel je fus entraînée. Le lendemain, après une traversée très mauvaise, on nous débarqua sur les côtes de France. Là, comme j’ignorais tout à fait la langue du pays, Antarès prit deux places dans une diligence qui nous conduisit à Paris. — Je ne m’arrête pas ici sur les détails de toutes les souffrances morales que j’éprouvais. Vous les devinez sans peine. Pâle et effrayée, je pleurais sans cesse. Et puis, la physionomie sèche de mon compagnon, m’épouvantait et me désespérait tout à la fois.

— Est-ce par les ordres de mon père que vous agissez ?… Lui demandai-je en arrivant à Paris.

— Non, me répondit-il,

— Alors, c’est ma sœur Olivia qui veut ma disparition ?…

— Oui.

Plus habile que sa mère, ma sœur terminait son œuvre et s’emparait de mon titre et de ma fortune. — Hélas ! il me reste à vous dire la partie la plus poignante du drame de ma vie, et c’est la rougeur au front que je vais vous parler. Mais, Dieu qui me sauva de ma belle-mère qui s’attaquait à mon corps, ne m’abandonna point devant les tentations atroces inventées par Olivia contre mon ame.

Nous habitions un assez bel appartement dans un des beaux quartiers de Paris. Les premiers jours, je trouvai à ma disposition toutes les séductions de toilette que peut rêver une femme. Je les écartai. Mais, un soir, une jeune