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le vampire.

maintes circonstances, et pour des causes qui m’inquiétaient au point de ne pas me suggérer l’idée d’y réfléchir, elle s’absentait de Firstland-Castle. Les lettres qu’elle écrivait durant ces déplacements, étaient datées tantôt d’Édimbourg, tantôt de Glascow.

Vous connaissez mon esprit rêveur. Je suis de ces âmes que les solitudes séduisent, et qui vivent dans un monde inconnu. C’était une fin d’hiver ; parfois, le soleil dissipait nos brouillards. Cette dure nature dont je vous ai parlé me plaisait ; ce paysage triste s’harmonisait avec ma pensée triste. J’avais pour habitude, chaque jour, de descendre par une allée du parc dans la vallée de la Findhorn. Dans ces lieux déserts, sur les bords de la rivière, j’errais pensive, l’esprit souffrant, mais inoccupé, le cœur navré, mais sans aspirations vers des sentiments que le cadre restreint de notre existence laissait encore inconnus.

Une fois, à la chute du jour, deux hommes s’emparèrent de moi, et malgré mes cris inentendus et mes efforts impuissants, me mirent dans une voiture qui partit aussitôt.

J’étais seule, mais, je ne pouvais m’enfuir, car, les portières étaient cadenassées. La voiture roula pendant trois jours. Vers la fin du troisième jour, j’aperçus la mer ; j’avais traversé une partie de l’Écosse et toute l’Angleterre. Quand la chaise de poste s’arrêta, un homme qui, depuis ce moment, ne me quitta presque jamais, me reçut.

Cet homme, me dit qu’il se nommait Antarès, qu’on l’avait chargé de me conduire à Paris, mais que je n’eusse