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le vampire.

raison ces mots, comme venant de sa main ; mais, ma sœur qui soupçonnait peut-être le vrai drame, conserva ce billet. L’imitation de l’écriture pouvait faire germer un doute. Olivia, qui me haïssait autant que sa mère, s’accrocha à cette supposition insensée. Elle plaça sous les yeux de mon père, une lettre écrite par moi avec le fatal billet en regard. Mon pauvre père, la tête ébranlée par toutes ces choses qui se perpétraient autour de lui, frissonna devant l’identité des deux écritures. En face du doute du seul cœur qui m’aimât sur la terre, je m’abandonnai à ma destinée et acceptai sans murmure le malheur qui venait à moi.

J’aurais pu prendre mon père par la main et le mener jusqu’à l’autel de la chapelle du château. Là, après avoir juré sur le saint Tabernacle que j’allais dire la vérité, lui avouer tout. Mais, je vous le répète, je n’osais pas. Jamais, je ne me sentis assez forte pour dire à ce vieillard, que j’aimais : « La femme à qui vous avez donné votre nom, l’épouse que vous avez honorée, au point de lui accorder la place de ma mère, eh bien ! cette femme a voulu m’assassiner, moi, votre fille ! »

Les funérailles de la duchesse de Firstland eurent lieu de nuit. On descendit son corps auprès de ceux de nos ancêtres dans le caveau de la famille.

Depuis la mort de sa mère, Olivia, bien qu’elle ne m’eût jamais témoigné aucune ombre d’affection, parut avoir hérité des sentiments de ma marâtre pour moi. D’ailleurs, je l’avoue, nos caractères sont dissemblables. Quoique son ainée, j’acceptai toujours comme une loi naturelle, sa prédominance dans la direction des affaires de foyer. Aussi, ne demeurait-elle jamais inactive. Dans