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le vampire.

une certitude. Olivia ignorait sans doute les moyens du crime prémédité contre sa sœur ; mais, à l’expression de son regard pesant sur mon visage glacé de stupeur et d’angoisses, j’ai toujours soupçonné qu’elle en connaissait le projet.

Trois jours s’écoulèrent en infructueuses recherches. Pendant ces heures de tumulte et d’inquiétudes, je n’eus ni la force ni la science de donner un avis. Cette prostration calme dans l’agitation qui m’entourait, par la raison même de la préoccupation de tous, ne fut point remarquée. Mais le dénouement que je prévoyais avec épouvante arriva. Sur le soir du troisième jour, mon père, le visage blanc comme ses cheveux, entra dans le salon où nous nous tenions ma sœur et moi, et nous annonça la fatale découverte.

La nouvelle de cette mort pétrifia tous les habitants du château. Toute pensée de crime fut repoussée ; mais, la duchesse n’était point aimée de ses gens, esprits simples et superstitieux, aussi, beaucoup d’entre eux attribuèrent cet événement à une puissance surnaturelle et le considérèrent comme un châtiment. Un suicide dans notre austère et froide Écosse, est accepté pour une malédiction divine. Aussi, bientôt après, se répétait on dans la contrée, des rives de la Findhorn à celles de la Spey, que le malheur était au château de Firstland, et cela comme on dirait ici, que le feu est à une maison. Hélas ! le malheur dévore plus que le feu !

Je vous ai parlé des quelques lignes, qu’en imitant mon écriture, la duchesse avait tracées sur un papier, afin qu’on n’imputât ma mort à personne. La mère d’Olivia portait le même nom que moi. On considéra donc avec