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le vampire.

silence que respecta celui qui l’écoutait, elle posa la main sur le bras de Robert avec une confiance toute chaste et lui dit les yeux humides :

— Vous êtes religieux, n’est-ce pas ?

— Je respecte toutes les croyances, car je tiens à ce que la mienne que j’aime et que je défends soit respectée.

— Oui, Robert, croyez. Il est des jours où il faut une religion au cœur. J’ai hérité de ma mère d’une grande foi dans la protection de la Sainte-Vierge. La nuit dont je vous parle, cette foi se transforma en un fervent amour et une ineffable gratitude. Car la mère de Dieu me sauva ; c’est la conviction de mon ame. Elle me sauva non pour souffrir, mais pour un avenir meilleur.

Cette femme s’était arrêtée dans ses préparatifs. Accrochée à la corde par les mains, sa tête pâle et plombée inclinée sur sa poitrine, le regard sur moi, elle réfléchissait. Avant de mourir, ma mère avait passé à mon cou cette médaille que j’attachai plus tard à un cordon fait de ses cheveux et que me donna mon père. Elle n’est point d’un riche métal, mais c’est un souvenir doublement précieux, car elle a été bénite à Rome. Eh bien ! pendant cette scène, détournant mes yeux séchés par la prière du regard inerte et froid de ma marâtre, j’aperçus briller sur ma poitrine la médaille de ma mère. Dans mes mouvements de désespoir et de supplications elle était sortie de ma robe. Je lus avec ferveur cette phrase, magnifique expression d’un véritable amour de mère : « Si pendant ta vie tu veux aimer Jésus, mon fils, à l’heure de ta mort je te sauverai. » Je priai et j’espérai.

Mais ce qui arrêtait cette femme n’était point une pen-