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le vampire.

chi de Glascow ou d’Édimbourg. Non, non, Olivia est ma fille, je lui donnerai ton nom, je lui donnerai ta fortune, et, pour cela, je prendrai ta vie. Ah ! ah ! ma belle rêveuse qui se disait poitrinaire et qui ne meurt pas… que tout le monde préfère à sa sœur… Ah ! ah ! comme tout va changer cette nuit !… Eh ! ma chère amie, quand on se pose comme toi en mélancolique châtelaine, on suit son rôle jusqu’au dénouement, on se suicide !… Ophélia, tu vas mourir ce soir. On te trouvera demain ici et l’on croira à une mort volontaire. On t’enterrera sans prêtres et sans prières. Mais, que t’importe, toi, l’ange du château, ainsi que dit ton imbécile de père, tu n’en as point besoin !… Tiens, regarde cet écrit. Ne dirait-on pas que c’est ta main qui a tracé ces lettres ? Et puis, cette phrase romanesque ne sort-elle pas naturellement de ton cerveau ? « La rêverie est une teinte du sommeil, le sommeil un reflet de la mort ; pour rêver toujours, il faut quitter la terre. » Eh bien ! demain on lira cette phrase signée de ton nom et ramassée près de ton corps. Ah ! ah ! il y a longtemps que ma pensée travaillait ce projet !… Allons, ne pleure pas et prie non pas moi, c’est inutile, mais Dieu, cela te servira peut-être après !

J’éclatai en sanglots et en supplications. Car, je l’avoue, je m’effrayais de mourir ainsi par un crime horrible. Je pensais à mon pauvre père que je venais de quitter et que je ne reverrais plus, mon bon père qui m’accuserait, mais qui, seul, prierait pour moi !… Mes larmes implorantes et désespérées eussent touché un bourreau ; mais une femme haineuse et méchante est impitoyable pour une femme.