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le vampire.

près d’elle, sa main saisit mon bras et m’attira. Je la suivis. Nous gravîmes l’escalier de bois, longeâmes plusieurs couloirs que je connaissais à peine ; puis elle s’arrêta devant une petite porte fermée à la clé. Cette porte ouvrait sur les premières marches d’un escalier de pierre montant en caracol. J’eus peur. Ma main se cramponna à la serrure de la porte. Mais je n’étais qu’une frêle enfant délicate et sans force ; la duchesse était robuste et vigoureuse. Sans effort je fus arrachée de cette porte et traînée sur les degrés. D’ailleurs, pas un mot, pas une plainte.

Nous atteignîmes le dernier étage. En face était une forte porte plus large que haute. La duchesse l’ayant ouverte, m’en fit franchir le seuil et la referma derrière elle. Nous nous trouvions alors dans une grande salle carrée percée de quatre ouvertures sans croisées. C’était l’intérieur d’une tour du château tout à fait opposée à la partie habitée. La nuit tempétueuse m’effrayait et tout bruit devait se perdre dans la voix des rafales. Cette pièce n’avait aucun meuble ; seulement, dans des temps loin de nos pères, on y avait bâti un lit massif et trapu qui semblait faire partie du sol, et une table basse y avait été apportée je ne sais comment. Par la vétusté, le bois de ces deux meubles oubliés s’était noirci et durci. Sur la tête, de grosses poutres supportaient la toiture qui craquait de fois à autre sous le poids de la neige qui la recouvrait.

Sans doute, la duchesse était déjà venue là dans la soirée, car, sur la table, au milieu des courants d’air, une lampe brûlait péniblement. Auprès de la lumière, je remarquai un verre et plusieurs bouteilles. Quand je