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le vampire.

quatrième année quand mon père se remaria. Il épousa miss Ophélia Kockburns. On me dit que ce serait ma mère, mais je ne le crus pas ; et, dès le premier jour, je connus que je n’étais pas aimée. Devant mon père, la duchesse ne me caressait pas ; en son absence, elle me rudoyait ; pour la moindre négligence j’étais punie. Moi, je n’avais point d’aversion pour elle, mais je la craignais. Après un an de mariage, elle donna une fille à mon père. Olivia a six ans de moins que moi. Je ne sais si vous connaissez intimement lady Mackinguss ; d’ailleurs, c’est ma sœur, je n’en dirai rien.

Plus les années s’écoulaient, plus sa mère me montrait de haine. Hélas ! c’était une femme dont le cœur était dur ; et, je puis parler ainsi, car, souvent, je vis mon père, seul avec moi, me parler de ma mère et pleurer sa première duchesse. Oh ! elle me haïssait profondément ; l’orgueil, la jalousie lui tordaient le cœur. Jamais elle n’oublia sa haine ; ses moindres actions en étaient empreintes. Enfants, Olivia et moi, nous jouions dans les cours. L’été nous rentrions quelquefois tout en sueur ; alors, je m’en souviens, ma belle-mère m’offrait aussitôt à boire ; Olivia pleurait parce qu’on lui refusait de se désaltérer. L’eau qu’on me donnait était glacée. — J’étais délicate de poitrine. Aux repas, elle épiçait outrément ce qu’elle me servait. Et mon corps a résisté aux malœuvres de cette femme !

En prenant des années, Olivia reconnaissant les avantages de ma naissance, partagea contre moi l’aversion de sa mère.

Depuis l’âge de quinze ans, ma vie s’écoulait presque hors de leur intimité. Je voyais mon père, voilà tout.