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le vampire.

vous allez dire… Peut-être y a-t-il longtemps que vous ne l’avez pas rencontré… Oh ! mon Dieu, que cela ne soit pas une illusion !…

— J’ai vu le vieux duc au mariage de sa fille.

— Oh ! comme cet homme me trompait !… Mais Dieu m’a sauvée, mes épreuves sont finies… J’oublierai ces cinq années de malheur comme on laisse tomber dans le passé le souvenir d’un cauchemar fiévreux, et le calme reviendra visiter mon ame. Vous me conduirez chez mon père… Oh ! que nous serons heureux de nous revoir !… Heureux !… Hélas ! mes belles espérances écartent ma pensée d’un drame qu’il faudra lui dire… Il m’aimera toujours, c’est vrai… mais il frissonnera aussi !…

— Ophélia, je le devine, il est dans votre vie un événement dont l’influence fatale a pesé sur votre ame et qui vous trouble.

— Oui, un grand événement !

— Qui vous frappa, peut-être ?

— Dont je fus la victime… Écoutez, Robert, vous êtes mon sauveur, l’ange vainqueur qui m’a arrachée du lit de torture où j’expirais ; je vous dois donc la vérité, car je veux paraître blanche devant vous. Oh ! que mon père vous aimera quand je lui dirai ce que vous avez fait pour son enfant !… Nous irons le trouver ensemble.

— Voir votre père, moi !… Oh ! non, jamais !

— Et pourquoi ? demanda la jeune fille étonnée.

— Pourquoi ? Ah ! Ophélia, ne me le demandez pas, et pardonnez si je viens assombrir votre joie, mais je ne puis parler, et, cependant, je vous aime !

— Mais, ne m’avez-vous donc pas sauvée !…

— Sauvée ! Non, Ophélia, je ne vous ai pas sauvée !…