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le vampire.

femme de cet homme que vous remarquâtes à ce souper.

Robert de Rolleboise frappé de stupeur, les yeux fixés au sol, le visage pâle, s’arrêta sans une parole, sans un mouvement. Il s’effrayait de se sentir agir toujours dans le même cercle funeste.

— Oh ! malheur ! malheur !… fit-il d’une voix lente.

— Vous connaissez Horatio Mackinguss, maintenant ?

— Oui, oui, je le connais !… Et c’est là ma damnation ! c’est là ma perte, peut-être !…

— Cet homme est donc bien méchant !

— Méchant !… dites terrible !… Ah ! si c’est par lui que vous avez souffert, je tremble !…

— Mais je ne lui ai rien fait, moi, pauvre femme !

— Femme… Ah ! enfant, ce nom seul vous condamne auprès de lui. Fatalité ! mon Dieu ! et c’est moi qui dois la défendre !

— Mais, si vous connaissez Horatio, vous avez peut-être vu ma sœur, aussi ?

— Je l’ai rencontrée, oui.

— Elle était seule ?

— Mais, avec son père, le vieux duc.

— Il y a bien longtemps, alors, puisque mon père est mort ?

— Mort !… non, miss, votre père n’est pas mort !

La physionomie de la jeune fille rayonna. Et, tombant à genoux, son cœur remercia Dieu. Après, se redressant, elle s’approcha de la cheminée, baisa un crucifix, puis le portrait du vieillard et celui de la mère de Robert.

— Oh ! vous ne m’avez pas trompée !… Vous me l’assurez, je pourrai revoir mon père, tout lui dire, obtenir son pardon. Oh ! non, ne parlez pas, je redoute ce que