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le vampire.

à cet âge dangereux où l’homme est sujet à des attaques foudroyantes d’amour. — Après le repas, la digestion, cette séduisante proxénète, murmurait tout bas en souriant au cœur du jeune éphèbe de folles espérances. Accoudé seul à une fenêtre ouverte, en face de ces immenses échafaudages de nues derrière lesquels le soleil est si longtemps à se coucher en automne, il livrait son imagination à mille pensées étranges. — Tous les conviés faisant circonférence autour d’un centre représenté par le comte, s’étaient engagés dans une bruyante discussion sur les chiens.

Soudain la forme gracieuse de la comtesse vint se placer près de Raoul, mais en tournant le dos au dehors par convenance pour ses hôtes et pour elle-même. Cette présence, certainement, causa une vive joie au jeune homme, mais aussi, disons-le, elle l’embarrassa beaucoup.

— Eh bien ! mon cousin, comment trouvez-vous nos amis ?…

— Mais très-heureux, madame, si vous les voyez souvent.

— Leur conversation vous intéresse peu et même cette chasse qui occupe tant mon mari n’aura pas peut-être pour vous l’attrait que nous voudrions. Vraiment, si je ne craignais de vous faire encourir la mésestime de ces messieurs, je vous offrirais de rester demain avec nous près des voitures.

Raoul n’osa pas ou plutôt craignit d’exprimer trop vivement combien il serait heureux de sacrifier toutes les chasses possibles au plaisir de demeurer auprès de sa cousine. Mais celle-ci reprit sur un ton plus sérieux :