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le vampire.

vie et de m’arrêter longtemps sur cette heure !… Car je pleure la minute qui passe, la joie qui s’écoule !… Ophélia, n’êtes-vous pas heureuse ? Y a-t-il dans votre cœur une ombre que je doive éclairer ?…

— Hélas ! vous pouvez suffire à mon amour, peut-être, mais à mon bonheur, hélas ! le doute est là !… Par réserve, vous ne me questionnez jamais sur mon passé. Cependant, il est en même temps horrible et beau, si horrible que j’en frissonne encore, si beau qu’il me semble un mensonge !

— Non, Ophélia, je ne vous en parle pas de peur de vous peiner. Je me le rappelle, vous pleurâtes avant-hier quand je touchai un mot de notre étrange entrevue, il y a un an, après un souper.

— Oui, ce soir là je rencontrai celui qui devait me sauver… Une voix secrète me disait d’aller à lui… de lui tout dire, de lui crier secours ! Mais je faiblis… votre indifférence fit défaillir ma résolution. Vous me demandiez tout à l’heure ce qu’il manquait à mon ame. Robert, mon père est mort en doutant de moi. Pour détruire ce doute, j’aurais donné ma vie hier, aujourd’hui mon amour !… Avez-vous connu mon père ?

— Ophélia… voilà le seul nom que je connaisse de vous.

— Je me nomme Ophélia de Firstland.

— Firstland !… s’écria le jeune homme ; oui, c’est vrai, c’est la signature d’une lettre que vous laissâtes chez moi, rue du Helder !

— Une lettre de ma pauvre mère !

— Mais, n’avez-vous pas une sœur ?

— Olivia est la fille de mon père, et maintenant la