Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
le vampire.

comme une conséquence de gratitude. J’exige davantage. Oubliez tout le passé. Regardez-moi comme l’inconnu qui passe et que votre beauté virginale arrête. Oh ! vous êtes belle, enfant, bien plus belle que vous ne croyez !…

Pendant longtemps nos deux jeunes gens dirent des folies, des riens, des niaiseries ; en un mot, ils épuisèrent toutes les vieilles hyperboles d’une scène d’amour, Comme ce sont deux personnages sérieux, nous ne profiterons pas de leurs distractions pour les suivre barbarement dans les méandres contorsionnés de leurs serments et de leurs extases. Robert, sous le regard de la belle jeune fille, savoura ses ravissements, se livra tout entier à ses aspirations heureuses. Émotions hygiéniques qui détergent le cœur de toutes les lies de sentiments misérables. Certes, loin de railler ces choses, elles sont enviables. N’est pas amoureux qui veut dans la vie, de ce franc amour qui galvanise un homme, le rend fou ou magnifique. Mais, pour une de ces passions larges et splendides, il se tire en contrefaçon, sur le cœur humain, des copies bien drôles !…

Robert aimait éperdûment la jeune écossaise ; mais celle-ci, bien qu’elle n’eut dit aucun mot, proféré aucune exclamation, l’adorait avec plus d’amour. Il en est toujours ainsi. Ce n’est qu’une loi de nature. Néanmoins, malgré cela, on rencontre bon nombre de jeunes hommes qui s’accablent de perplexités et de doutes, qui tourmentent leurs pauvres maîtresses pour en obtenir un aveu bien formulé. Machines mises en action qui croient que le mouvement dépend d’elles !…

Mais notre jeune homme s’oubliait tout à fait.

— Oh ! s’il m’était permis de suspendre le cours de ma