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le vampire.

— C’est un tort, sir James.

— Eh, eh ! il me vaut peut-être mieux être de mon côté que du leur. La table et l’amour me ruinent, monsieur le comte !…

— Mais, deux membres comme vous nous ruineraient.

— Après tout, un secret que je vends, c’est une lettre au feu, une parole qui tombe dans un abîme.

— Si profondément qu’on enterre un secret, sir James, vous le savez, croissent toujours des roseaux que le vent interroge.

— Les roseaux ne croissent pas sur des abîmes, comte Antarès, fit le baronet en souriant. Et puis, je ne suis pas si niais que le Figaro du roi de Lydie !… À la grande fête de la Fraternité, j’ai aperçu, autour du char de l’Industrie, une jeune vierge allégorique qui prétend que j’ai besoin de deux mille livres sterling.

— Et vous ignorerez que le comte et Antarès ne sont qu’un ?

— Je ne l’aurai jamais su.

— C’est bien, sir James.

— Savez-vous, monsieur le comte, que nous jouons un terrible jeu contre lord Mackinguss !…

— Eh, eh !. — Comment vous trouvez-vous donc ici, sir James ?

— Est-ce que vous n’avez pas de bois ?

— Non.

— Tant pis, je grelotte. Je suis à Paris depuis deux jours. Cette après-midi, en promenant, j’ai aperçu miss Ophélia aux Champs-Élysées.

— Vous vous êtes trompé, sir James.

— Je ne me trompe jamais. J’ai l’air trop bonhomme