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le vampire.

— Eh, eh ! j’y avais déjà pensé, monsieur le comte, mais la chambre de notre ami Antarès me parait aussi insuffisamment meublée qu’un salon de théâtre. Et puis, il fait froid, ici.

Et, ce disant, le baronet s’asseyait flegmatiquement devant une cheminée où deux microscopiques tisons couverts de cendre représentaient deux vers luisants causant intimement ensemble.

— Une remarque que je n’avais pas encore faite, monsieur le comte…

— Ah ! encore…

— Oui, c’est la ressemblance frappante qui existe en vous avec Antarès.

M. le comte ne répondit pas. Les bras croisés, le visage contracté par l’impatience, il marchait dans la chambre.

— C’est en effet le même visage. En vous plaçant une perruque sur la tête, des lunettes sur les yeux, la robe de chambre sur le corps, je suis convaincu que nous n’aurions pas besoin d’attendre notre ami.

Après ces mots, sir James eut un petit ricanement qui ne laissa aucun doute dans l’esprit de son interlocuteur.

— Eh bien ! que voulez-vous de moi ?

— Écoutez, mon cher Antarès, ou monsieur le comte, si cette seconde appellation sonne mieux à votre oreille, croyez que je ne dois qu’au hasard la découverte de ce petit mystère.

— Eh ! monsieur, je le sais !… Le hasard est notre plus mortel ennemi.

— Aussi, pour nous mettre à l’aise l’un envers l’autre, je vous propose d’en finir aussitôt avec ce sujet. — J’ai beaucoup de créanciers, monsieur le comte.