Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
le vampire.

pect de ces quatre murailles, où elle souffrait toujours, et de l’ame et du corps, la navra. Sa poitrine brûlait. Le froid de l’eau lui fit du bien.

Sept heures sonnèrent. Son regard alangui se porta à sa fenêtre, sa pâle main leva le rideau. La croisée d’en face était ouverte, mais personne ne paraissait. Elle fut à sa couche et s’y laissa tomber.

Une heure s’écoula. — Une heure dont chaque seconde était une douleur.

Enfin, un bruit se fit entendre à la porte. Antarès entra. Ainsi que nous l’avons vu, le matin de ce même jour, son visage portait une expression désespérée, découragée, fatiguée.

Ophélia se dressa sur la couche, et, sans mot dire, tendit ses deux bras. La pose implorante de cette belle enfant, que la faim tuait, eût remué le cœur le plus gangrené d’égoïsme. Sans répondre à cette invitation touchante, Antarès s’affaissa sur un siège.

— Ma pauvre fille, murmura-t-il, d’une voix lente et navrée, je suis désespéré !… J’ai demandé, j’ai supplié, j’ai tendu la main, mes yeux ont pleuré. Tout a été inutile, personne ne s’est retourné !… On passe vite pour l’oublier vite, devant l’homme qui implore !…

— Et, depuis ce matin…

— Je marche.

— Depuis ce matin, vous n’avez pas mangé ?

— Non. Maintenant, c’est fini, je n’espère plus rien. En traversant la Seine, j’ai eu la pensée de m’y précipiter ; mais, un souvenir a rappelé mon courage.

La jeune fille, la tête inclinée vers sa poitrine, ne répliqua rien. Devant l’expression désolée de cet homme, elle