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le vampire.

— Oh ! oui, j’étais très enchanté, very glad, de vous rencontrer !… Vous êtes, indeed, magnificente !…

Ophélia traversa la rue et continua son chemin sur le trottoir opposé.

— Oh ! vous ne pouvez fuir !… Votre cheveux me fait plaisir, beaucoup.

— Monsieur, je vous en prie !…

— Bien plaisir !… Je suis amoureux de votre cheveux !… Ne vous effrayez pas de mon langage… Je suis Anglais, et, de plus, un excentrique homme. J’avais l’habitude, lorsque je rencontrais une femme qui me plaisait, de lui prendre un souvenir. Oh ! ne vous effrayez pas, je le paie le petit souvenir, je le paie toujours.

— Monsieur, je ne sais vraiment pas…

— Ah ! oui, vous ne savez pas ce que c’est qu’un excentrique homme. Écoutez, mais ne marchez pas si vite ; le pavement est très étroit à Paris. Oui, oui, je suis amoureux de votre cheveux. L’autre jour, j’ai rencontré une demoiselle de magasin. Son nez m’en rappelait un autre… un autre nez que j’ai trop aimé !… Elle avait au bras, un de ces grands cartons pour mettre les chapeaux, les robes. Je le lui ai acheté pour souvenir de son nez. Oui, je suis rentré à mon hôtel, London hôtel, bien content avec mon panier sous le bras. Je le garderai toujours !…

Ophélia revint sur le trottoir qu’elle avait quitté. Mais, le baronet était trop épris de son cheveux pour l’abandonner ainsi. La jeune fille porta sur lui un regard si suppliant, qu’il aurait dû s’apercevoir qu’il n’était pas congru de parler ainsi britanniquement fleurettes. Mais, ce qu’un Français ne devine pas toujours comment un Anglais l’eût-il compris.

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