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le vampire.

boutique d’un boulanger. Plusieurs personnes achetaient. Sa timidité la força d’attendre qu’elles fussent sorties. Elle entra. Un certain sentiment de délicatesse lui défendit de se faire couper pour deux sous de pain ; elle en prit un de fantaisie. Il était bien doré, bien appétissant ; mais, aussi, bien petit !… Toutefois, elle ne voulut point y toucher. Son cœur n’avait pas oublié que son protecteur souffrait, lui aussi, ailleurs, et s’humiliait peut-être pour elle. Seulement, elle se permit de le sentir. Il embaumait le petit pain !… Mais, hélas ! ce fut tout ce qu’elle en eut !…

Sa marche précipitée la conduisit bientôt près du Palais-Royal. Une certaine énergie la soutenait. Il lui tardait d’arriver.

Un homme la suivait. Certainement, ce ne pouvait être qu’un Anglais. Du moins, son costume et son allure l’annonçaient-ils. Mais, en le regardant plus attentivement, nous reconnaissons le baronet sir James Cawdor.

Bien, que sous des vêtements d’une simplicité excessive, on devinait en voyant Opbélia une belle femme. Sa figure, surtout, ressortait remarquable de délicatesse et de haute distinction.

Sir James la regardait avec satisfaction. Une bonhommie toute britannique, errait sur son visage et reluisait dans ses yeux. Le baronet, quoique nous ne l’ayons pas dit, était d’un tempérament assez significatif auprès des femmes. Sir James est une de nos grandes ressources.

Paris s’éclairait, les magasins s’illuminaient. L’Anglais cheminait à côté de la jeune fille en descendant sur elle un regard fureteur. Il commença d’une parole lente et flegmatique.