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le vampire.

franchi le dossier d’une banquette, il enjamba le balustre dormant, et accroché aux draps enroulés, il glissa presque jusqu’au sol. Tout à fait dans son bon sens, il chercha la clé qu’il avait jetée, la mit dans sa poche, et se dirigea sans hâte, dans Farringdon-Street, vers Blackfriars bridge.

Lord Lodore avançait d’un pas ordinaire, la tête inclinée devant comme quelqu’un qui réfléchit ou plutôt qui se comptait dans la futurition d’un fait. Il descendit Great-Surrey-street, prit à main gauche London-Road, et s’engagea après dans la longue perspective de Kent-Road. L’horloge de l’embarcadère du chemin de fer de Douvres sonna une heure.

Lodore marcha longtemps, mais sans hâte. Enfin, il s’arrêta presque hors ville, devant un mur ; — le mur du cimetière de New-Cross.

L’atmosphère ne se mouvait pas ; le bourdonnement de la grande ville s’était apaisé. N’eût été le brouillard des nuées rougeâtres au-dessus de Londres, on aurait pu se croire en pleine campagne, loin des hommes.

Il n’y a pas un grand nombre d’années qu’on a établi à Londres des cimetières comme à Paris. Avant on inhumait dans les church-yard, c’est-à-dire, autour des temples. Cet usage est encore observé dans les villes anglaises. Mais, jugeant avec raison que ces foyers de pestilences placés au cœur d’une grande cité, pouvaient influer d’une manière funeste sur la santé publique, on ouvrit quatre nécropoles en dehors. New-Cross est la plus modeste ; c’est le cimetière Mont-Parnasse de Londres.

Les anglicans ne sont pas fastueux pour leurs morts. Une simple pierre sur laquelle est gravée un verset de la