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le vampire.

suivante jusqu’à la fin. — J’aurai du courage, de la force. Je resterai. Oui, la lutte sera terrible. Ma funeste nature va me broyer dans de robustes étreintes, mais je la vaincrai !…

Le malheureux, la tête dans ses mains crispées, paraissait se débattre d’une obsession impétueuse, d’une attraction véhémente. Il se défia de lui-même. À sa résolution faiblissante, il appela l’aide d’une barrière matérielle. — Il ferma sa porte à deux tours, ôta précipitamment la clé de la serrure et la jeta dans la rue. Puis ayant clos violemment ses croisées, il se dit d’un ton saccadé et bas :

— Me voici enfermé, je ne sortirai pas !…

Il entra dans son alcôve, se jeta sur son lit et tout redevint silencieux. La passion est coercible, mais, comme la vapeur. La compression centuple sa puissance.

Une demi-heure s’écoula. Les tentures remuèrent ; une ombre sortit de l’obscurité. C’était bien Lodore, mais non plus la même physionomie. Le calme s’étendait sur son visage, qu’animait une légère expression d’un sensuel étrange. Ses yeux perçaient ; la lutte était finie.

Il s’avança tranquillement vers la porte, et ne pouvant l’ouvrir, s’arc-bouta contre elle. Les ferrures grincèrent, la clinche et le pêne crièrent, mais, malgré une force extraordinaire, la porte demeura inébranlée. Cet homme tourna deux fois autour de sa chambre, autour de sa cage. Il hissa sa croisée et plongea un regard dans la rue. Les maisons ne sont pas hautes à Londres.

Froidement, sans fièvre, sans précipitation, il retourna vers sa couche, en sortit les draps, les roula en corde, et attachant une extrémité à l’accoudoir de la fenêtre, il rejeta le tout dehors. Avec autant de calme que s’il eût