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le vampire.

— Oui, vos femmes vous ont couchée presque assoupie. Votre sommeil a été tranquille ?

La clarté de l’appartement était faible. Les rideaux portaient leurs ombres sur le visage de la jeune femme

— Oh ! non, tourmenté, au contraire. — Heureux ? fit le mari un sourire aux lèvres et se penchant vers elle.

— Heureux !… Ah ! j’ai eu, Horatio, des rêves !…

— Olivia, si au lieu d’un rêve, une réalité séduisante était venue veiller sur vous, bercer votre sommeil, m’aimeriez-vous un peu…

— Oui, je me le rappelle, vous êtes passé dans mes songes comme une ombre… vous m’avez parlé… J’ai voulu vous répondre, mais la main de plomb du sommeil fermait ma bouche.

— Olivia, non, ce n’était pas le sommeil qui fermait votre bouche !…

Et, ce disant, Horatio donnait un baiser sur la belle main de sa femme.

— Et puis, continua celle-ci en caressant son mari d’un regard adouci, j’ai senti avec regret le réveil m’atteindre… J’aurais voulu toujours dormir !… Mais aussi, votre voix était si étrange !…

— Une voix qui aime, mylady, n’est pas une voix ordinaire…

Olivia se tut, savourant sans doute en elle-même le souvenir de cette nuit mystérieuse pour elle, épouvantable en réalité.

Caractère faible de l’homme !… Un peu de vin, un peu d’amour, et le voilà transfiguré. Cette femme qui, la veille, jouait le bon accord avec son mari, la voilà pris