Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
le vampire.

du sommeil. Ses lèvres se contractaient sans bruit comme répondant à une sensation intérieure, et ses yeux s’agitaient sous ses paupières closes. Horatio ne hâta point le réveil. Il se leva discrètement, alla s’asseoir en face d’un secrétaire ouvert, et écrivit la lettre suivante :

« Robert,

« Lord Lodore a toujours été pour moi un homme ténébreux. Pour bien voir les profondeurs de son ame, il faut les éclairer. Chaque nuit il sort. Où va-t-il ? Je ne sais. Je veux le savoir. Demain, depuis onze heures jusqu’au moment où il sortira, vous demeurerez caché à quelque distance de sa maison. Vous le suivrez, n’importe à quelle heure, n’importe en quel lieu. Surtout, soyez invisible. Après cette dernière tâche, il vous sera loisible de rentrer pour quelque temps en France. »

Quand Horatio eut cacheté cette lettre, mylady s’éveilla. Un œil observateur reconnaît facilement à la physionomie de la personne qui émerge d’un sommeil, le caractère des rêves qui l’ont occupée pendant la nuit. Les linéaments du visage d’Olivia paraissaient adoucis, ses joues étaient chaudes, ses yeux humides et ses lèvres légèrement gonflées. Elle tendit aussitôt la main à son mari qui venait de reprendre sa place au chevet.

— Horatio, y a-t-il longtemps que vous êtes là ?

— Mais, ma belle ange, je ne vous ai pas quittée.

— Oh ! quel sommeil étrange !… fit-elle un peu confuse, et bien aise de trouver une incidence convenable. Je ne me rappelle rien… Je me suis endormie, je crois, sur ce sopha, hier soir.