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le vampire.

— Ho, ho ! fit celui-ci. Avez-vous été amoureux, monsieur Mob ?

— Ho, ho ! répéta ce dernier. As-tu été amoureuse, petite sœur ?

Miss Mob, toujours couchée, ne répondit pas. Bertram buvait toujours. Sir James le considérait avec des yeux luisants et un sourire jovialement épanoui sur son visage enluminé.

— Un jour, continua le vrai cocher, un jour j’étais en faction dans White-Hall, immobile sur mon cheval immobile. Je vous parle du temps où j’étais horse-guard. Or, il ne passe pas une femme dans White-Hall qu’elle ne jette un coup-d’œil sur les deux horse-guards de faction. Il nous est défendu de leur sourire ; mais un jour je violai la consigne pour ma cousine, miss Suky. Le lendemain à la parade je revois miss Suky. Un troisième jour, j’aperçus son chapeau dans une allée de Saint-James-Park. Ce jour là, j’étais seul, c’est-à-dire je n’avais pas mon cheval. Vous ne sauriez croire, mes amis, comme quoi la société d’un cheval est quelquefois gênante ! Vous n’avez jamais été amoureux, ainsi je ne vous parlerai pas de mon bonheur. Miss Suky est très jolie, mais alors elle était mieux. C’est toujours la conséquence d’un amour heureux. Bref, sa maîtresse, miss Olivia de Firstland, ayant, elle aussi, éprouvé le besoin de faire une fin, par d’intelligentes protections je me suis trouvé à la tête des écuries de mylord son mari. Prenez le même moyen, mes amis, et vous ne pouvez risquer de ne pas réussir. Après tout, puisque vous êtes si aimables pour moi, je suis votre très obligé et votre ami pour la vie…

— Vous aimez toujours miss Suky ?