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le vampire.

tera comme une nouvelle, car il aura certainement oublié le joli tour dont il est l’auteur. Dans ces gouffres immondes, le crime n’est plus le crime, c’est une chose familière qui n’intéresse personne, qui n’étonne plus.

— Ainsi, votre révolution a renversé plus d’un cocher à Paris ? fit M. Bertram dont les yeux humides brillaient plus que des escarboucles.

— Il n’y a plus que des omnibus et des chars allégoriques !

— Vous avez eu raison de venir à Londres, mais vous avez eu le tort d’y venir tous. Les Anglais ne se reconnaissent plus. Avez-vous conduit beaucoup, monsieur James ?

— Pendant dix ans dans les écuries d’un banquier. Après février, je suis entré au service d’un bouquiniste devenu quelque chose comme ministre. Il m’habillait ridiculement. Puis mon service était trop fatiguant. Il conduisait lui-même ; moi, pendant ce temps, j’étais obligé de me coucher sur le dos, les bras croisés. Cette position me donnait des éblouissements et me rompait les reins. Tout le monde riche est à Londres, disait-on partout, ma foi je suis venu à Londres.

— Et croyez-vous, mon cher James, ainsi que vous, mon cher Bob, que je sois tombé tout de suite sur le siège de la voiture de mylord Mackinguss ? Ah ! détrompez-vous, mes amis ; pour arriver là, il m’a fallu bien de la politique !… C’est l’amour, mes bons amis, oui, l’amour qui m’a conduit là… Avez-vous été amoureux, monsieur James ?

— Ho, ho ! As-tu été amoureux, Bob ?