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le vampire.

bliez nos arrangements. Je m’engage à vous apporter moi-même chez vous le cadavre de ma petite sœur, le soir même de son inhumation. Ah ! mais, je soupçonne fort que pareille proposition ne vous arrive pas tous les jours.

— Et une fois que vous aurez mon argent, qui vous forcera, je vous prie, à escalader le cimetière pour aller finir une besogne payée d’avance ?

— Digger, nous sommes tous les deux honnêtes gens, quoi qu’on en puisse dire en certains lieux. Donnez moi dix shillings tout de suite, et à la remise du cadavre les dix autres.

— Mais jamais, non, jamais je ne paierai une livre un demi-cadavre !… s’écria le résurrectionniste désespéré de la mauvaise affaire qu’on lui plaçait sur la gorge.

— Je veux vous vendre toute ma sœur, monsieur !… entendez-vous, toute ma sœur. Ah ! mais, je sais ce qu’on donne à celui qui dénonce un résurrectionniste !

M. Digger, levé de toute sa hauteur, saisit le cou de son voisin. M. Mob devint bleuâtre. Sa petite sœur saisit le pot de bitter. L’homme pâle retint sa main, lâcha le frère et se rassit calme et fort.

Mlle Mob, toute radoucie, prit la main du résurrectionniste et lui dit avec persuasion :

— Allons, monsieur Digger, prenez aussi ma tête ; j’ai été folle deux ans, je dois avoir un dépôt.

— Un dépôt, un dépôt, rien ne me l’assure. Tant mieux pour celui qui tombera sur votre tête, mais moi, je ne peux pas la faire valoir. D’ailleurs, si je consens à traiter avec votre frère, qui n’est pas raisonnable, c’est simplement à cause de votre poitrine. Allons, finissons-en tout